Rigat Haintz

Nom : Haintz

Prénom : Rigat

Âge : 49 ans

État civil : séparée

Enfants : trois de 19, 17 et 11 ans

Devise : « C’est mieux que rien ! »

 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Rigat Haintz est une battante ! Arrivée d’Érythrée en 1989 à 17 ans, la jeune fille n’a droit à aucune formation, on la place donc comme femme de ménage à l’hôpital de Delémont. Frustrée de n’avoir accès à aucune école, elle s’applique toutefois au mieux à son travail, toute reconnaissante d’habiter un pays démocratique. À 19 ans, elle tombe sous le charme d’un jeune médecin autrichien exerçant sa spécialité dans le même hôpital. Ils se marient, fondent une famille. Rigat demeure à la maison, elle s’occupe de son foyer, de ses 3 enfants… Ce n’est pas le travail qui manque… Par besoin d’accomplissement personnel, elle fera parallèlement une formation de traductrice français-érythréen. De 1997 à 2010, elle œuvrera chez Caritas. Il y a quelques années, la vie étant ce qu’elle est, Rigat se sépare de son mari. À l’aube de la cinquantaine, le bilan tombe : que faire ? Hors de question de se laisser abattre. Dévouée à ses enfants et à son mari pendant de nombreuses années, elle a un ardent besoin de prendre sa vie en main… Il faut qu’elle « se bouge ». Oui, mais en faisant quoi ? Encore une fois, il n’y a pas de hasard, un ami proche lui parle d’une gelateria à vendre à Delémont… Pourquoi pas ! Ça tombe bien, elle adore la Vieille Ville et surtout la place Roland Beguelin… heureux hasard de la vie.

Sans expérience aucune en restauration, n’ayant peur de rien, motivée plus que jamais, elle obtient sa patente et ouvre Asmara le 3 février 2018 ! Baptisé du nom de la capitale érythréenne, ce petit cocon tout de rouge vêtu est accueillant. Le choix d’une cuisine traditionnelle s’impose naturellement. C’est une cuisine saine, familiale où l’on partage à même les plats, une cuisine colorée aussi… à l’image de notre sympathique tenancière ! Faire découvrir l’Érythrée dans l’assiette plutôt que de l’expliquer… La cuisine de son pays natal est une cuisine de partage. Rigat est très reconnaissante envers les amis qui l’ont encouragée et aidée à réaliser son projet, reconnaissante aussi envers ses clients et la population pour leur « indulgence à ses débuts » dit-elle…. Elle leur voue une sincère gratitude.

Que ce soit par curiosité, fidélité ou par hasard, pousser la porte d’Asmara est une invitation au voyage. 22 places en intérieur et 40 places en extérieur sont à disposition toute l’année. 28 francs en moyenne pour un menu et 20 francs pour les plats végétariens. Galettes sans gluten et alcools typiques du pays sont également proposés. Inutile de vous dire que la récente fermeture des bistros fut un coup dur pour notre flamboyante restauratrice, mais elle est encore là, bien résolue à mordre la vie à pleines dents et à continuer à nous faire voyager dans l’est de l’Afrique !

Je connais Rigat depuis plusieurs années, sa force intérieure m’impressionne depuis toujours… À chacune de nos rencontres, je me sens ré-énergisée… J’en avais bien besoin lors de ma dernière visite… et puis, j’y ai si bien mangé… Merci Rigat d’être qui tu es !

Propos recueillis par Misti
décembre 2021

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