Billet d’humeur printanière

Je me rappelle, non sans un brin de nostalgie, que petite écolière, au retour de l’école, toute à mes rêvasseries de châteaux et princesses, je humais avril en sautillant vers la maison… Les odeurs étaient nouvelles, cet air de terre qui se réchauffe, le pollen qui chatouille les narines, du moins les miennes, le parfum encore discret des fleurs de cerisiers… tout ça me revigorait, je chantonnais parfois… tout me semblait plus facile, plus léger… même les devoirs, la promesse des vacances estivales chez mes grands-parents qui approchaient peut-être… Tous les adultes semblaient plus enjoués aussi… La maîtresse nous expliquait la résurrection durant les cours de caté… Je me disais alors que Jésus a eu raison de revenir au printemps… j’aurais fait pareil… Il a été bien inspiré… et pas que lui… Tant de poètes, de compositeurs, d’auteurs ont loué cette saison de renaissance… Combien de fois, adulte, j’ai souhaité retrouver l’insouciance de mes 8 ans… Cette candeur, cette confiance inébranlable en la vie, seulement en humant un bouquet de pivoines !

La pivoine, ma fleur préférée entre toutes… ma grand-mère maternelle les aimait aussi… Son jardin en foisonnait… Des roses, des blanches, des fuchsias, dansant leur ballet au gré des brises… et leur parfum envoutant tous les alentours…

Ma « mémire » s’amusait beaucoup de me voir chanter et virevolter dans son petit jardin me prenant pour une fée. Elle m’expliquait les fleurs, leur beauté, leur grande vulnérabilité aussi… « Il suffit d’une courte averse et les pétales couvriront le sol… Elles retourneront à la terre… tout comme nous un jour… »

Ça m’apparaissait si loin… J’adorais ma « mémire » ! Lors de mes vacances d’été chez elle, elle m’a appris à tricoter, à crocheter, à broder… à cuisiner les recettes anciennes de famille que je cuisine encore parfois… Je me rappelle ses p’tites manies de bigote… son scapulaire caché sous sa robe, ses prières récitées avec une impressionnante ferveur… La douce chaleur de ses câlins… Elle aimait me raconter son enfance, son adolescence, sa vie avant qu’elle ne devienne mère de 10 enfants… Et toujours cet amour inconditionnel pour moi… Elle m’aimait telle que j’étais, ne me grondait jamais, s’amusait même de mes petites bêtises : « Mistinguette, c’est toi qui as peinturé la queue du chat ? ». Il était énorme, vieux, et répondait ou pas au nom de « Ti-nou », et il me faisait très peur… petite vengeance sans doute… lors d’une de ses siestes !

Devenue grand-mère à mon tour, j’ai planté des pivoines dans mon jardin… des dizaines… jamais je ne les cueille… Je préfère les acheter coupées pour fleurir ma maison… Une lubie peut-être… J’ai l’immense privilège de voir mes 5 petits enfants plusieurs fois par semaine… La plus âgée aura 5 ans en juin… Je me retrouve en elle, nous sommes complices dans toute notre théâtralité… Elle a plus de caractère que j’en avais à son âge, ainsi va l’époque…

L’amour d’un grand-parent ne se divise pas, il se multiplie… Chacun de mes 5 rejetons occupe tout mon cœur de grand-mère… J’espère avoir le temps de leur apprendre à mon tour l’amour des pivoines, la liberté de rester soi-même même dans l’adversité, l’importance de cultiver sa curiosité… La transmission, quelle belle récompense de la vie… Redonner ce que l’on a reçu… pour ne pas oublier… Bientôt les pivoines fleuriront… ma « mémire » dansera à son tour dans mon jardin… fleurant bon mes souvenirs d’enfance…

Bon printemps à tous… Je vous souhaite d’apprécier chaque fleur, chaque couleur, chaque odeur… même les plus sauvages ont leur beauté… Et à tous les grands-parents, merci d’avoir semé, cultivé, arrosé… à nous maintenant de récolter…

Misti
avril 2024

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