Un amour couleur Soleil Levant
Ayako et Richard Nozu Grillon
Raconter Ayako et Richard Grillon est un privilège. Leur chemin de vie respectif est fascinant parce que sinueux… On dit souvent que le hasard n’existe pas, qu’il n’y a pas de rendez-vous, je vous laisse juger par vous-même !
Ayako...
Ayako pointe le bout de son nez le 1er février 1973 dans la préfecture de Kanagawa au Japon. Sa famille est originaire d’Hiroshima, mais aucun de ses grands-pères n’a fait la guerre… l’un a assisté, de loin, impuissant, à la levée du champignon atomique, l’autre, parti travailler comme comptable pour les Chemins de fer de Mandchourie du Sud, en Chine, était déjà loin… Ayako est élevée dans une famille aux valeurs traditionnelles, toute la famille vit sous le même toit, ses parents, son petit frère, ses grands-parents… Cette éducation à l’ancienne est stricte, très protocolaire. Bien qu’elle soit gâtée et que l’on admire sa curiosité et sa vivacité d’esprit, toutes ses règles un peu désuètes l’étouffent… Très vite, elle rêve de partir au loin, de grands hôtels, pas pour y vivre, mais pour y travailler ! Jeune adulte, elle se donne les moyens de ses ambitions et obtient un certificat de « langue anglaise »… cela suffit déjà à faire souffler en elle un espoir de liberté… Travail trouvé, elle reverse, c’est une obligation, une partie de son salaire à son père. Ce qu’elle vit alors comme très grande injustice s’avérera par la suite « un juste retour », aux dires de ses parents, puisque cet argent doit servir à payer le mariage de la jeune fille… façon subtile d’économiser pour le grand événement ! Fille de bonne famille, elle se doit de travailler dans de grandes sociétés… C’est comme ça qu’elle intègre une renommée compagnie d’assurances. Elle déteste ce qu’elle y fait et rêve encore plus d’évasion… malgré tout, elle y restera quatre ans… Pas de place pour les fioritures « métro, boulot, dodo », comme on dit… Elle a 25 ans, elle étouffe de toute cette pression… N’ayant jamais abandonné son rêve de travailler dans l’hôtellerie, elle réussit malgré tout à mettre une somme conséquente de côté afin d’intégrer une école hôtelière en… Suisse ! Comme dans les films, les livres et les séries télé qu’elle aime tant, elle s’imagine derrière une réception, accueillant de riches voyageurs… Un hic cependant, son niveau de français est nul et malgré ses études passées, son « parler anglais » l’est presque tout autant… C’est donc en Irlande, rien de moins, qu’elle va parfaire son anglais durant quatre mois ! Le bonheur ! Puis, elle part enfin pour Montreux, intègre l’HIM où elle peut y étudier en anglais pendant trois ans. Durant ces études hôtelières, des stages de six mois par an lui permettent enfin de vivre son rêve ! Après un stage à Morges, puis l’année suivante au Sofitel à Paris, Ayako se débrouille en français… Son fort caractère est un atout, elle doit pouvoir répondre quand on lui fait un reproche, justifié ou pas, ce leitmotiv a porté ses fruits ! En troisième année, alors qu’elle étudie le « management », c’est à l’Hôtel de la Paix, à Lausanne, qu’elle fait la rencontre d’un certain Richard Grillon…
... et Richard...
Richard voit le jour le 4 mars 1981 à Vevey, dans le canton de Vaud. Son père y est alors en formation à l’école de Police. Diplôme en poche, la petite famille vient s’installer à Courroux. Richard a une sœur aînée, Murielle, dont il est très proche encore aujourd’hui. L’enfant est sage, docile, réservé, pas le choix… un papa policier… à la moindre « petite connerie », le sermon du soir ! Tout se sait… c’est embêtant ! Ce qui l’est aussi, c’est l’école… Richard n’y trouve pas son compte… Après l’école secondaire, il doit choisir sa voix, ce sera mécanicien de précision, mais bof… mouleur en fonderie, mais bof aussi… Parallèlement, il pâtisse à la maison, il aime, mais la pâtisserie ne l’aime pas, la boulangerie non plus… Il a beau suivre les recettes à la lettre, rien ne va… le pH de ses mains n’est pas compatible avec le pétrissage… Difficile de trouver sa voie… Pour fuir la messe obligatoire du dimanche imposée par une grand-mère assez bigote… il cuisine le repas dominical… Servant de messe à ses heures, non par convictions religieuses, mais plus pour la paye qui en découle lors des mariages et enterrements, il est fort heureux de se retrouver derrière les fourneaux avec son papa quelques fois. De là lui vient le goût pour la cuisine. C’est chez Valentin Flury, de l’Auberge des Viviers, autrefois à Pleigne, qu’il fait ses premiers stages les week-ends… Tout au fond de lui, le domaine de l’aviation l’interpelle aussi… mais la région ne se prête pas à ce genre de formation… Ce sera donc la cuisine ! Après l’armée, il fait son apprentissage à la Caquerelle. Trois années durant lesquelles il travaille en milieu familial, ça lui plait ! Diplôme en poche après quelques postulations, on l’engage à l’Hôtel de la Paix à Lausanne ! Il quitte le Jura emballé par les nouvelles perspectives qui s’offrent à lui… s’éloigner ne lui fait pas peur, au contraire… un grand besoin d’évasion le motive… Ça vous dit quelque chose ? Des enfances heureuses au sein d’un foyer aimant, une éducation stricte, un brûlant besoin de « partir »… Voilà des points communs qui rapprochent nos deux tourtereaux… C’est durant les « pauses cigarettes » au réfectoire de Madame qu’ils font connaissance… Entre le commis de cuisine et la réceptionniste, les choses prennent leur temps… nous sommes en 2001… le 25 avril ! L’Orient rejoint enfin l’Occident ! Les choses s’accélèrent. Ayako doit retourner au Japon, ses trois années d’études terminées, elle rêve toujours de grands hôtels… Richard, romantique, est convaincu d’avoir trouvé « sa perle »… après deux semaines d’un voyage d’amoureux en Irlande… et… oui… et la menace de ne pas revoir sa dulcinée avant un bon bout de temps… il la demande en mariage ! Elle accepte, craint les réticences de sa famille… bon point pour elle, elle approche la trentaine… bientôt l’âge périmé pour une célibataire au Japon. Le mariage civil est célébré en Suisse le 8 mars 2002 ! Les noces à l’église le 22 juin ! Les jeunes mariés s’installent au Jura pour un an, ensuite à Genève, tout d’abord pour y travailler, puis Richard est accepté à l’École Hôtelière de Genève où il étudie deux ans et demi et obtient son diplôme. En 2005, Karine vient illuminer la vie de ses parents, malgré un papa aux études, la petite famille trouve son équilibre… Hors de la question d’élever leur progéniture à Genève… retour au Jura… Arrive le petit Kenzo fin décembre 2008.
Ayako et Richard font vivre la Vieille Ville de Delémont au rythme du Japon dans leur restaurant Komachi.
... fondent Komachi
En 2010 germe l’idée de fonder leur propre établissement… pourquoi pas un resto japonais… en Vieille Ville de Delémont ! Le propriétaire du local est cambodgien… Ayako a un coup de foudre, Richard, de gros doutes… tout est à faire… Le couple se retrousse les manches. Komachi, ainsi nommé d’après une petite ruelle de la ville natale d’Ayako, ouvre ses portes le 1er juin 2011. Les débuts sont difficiles, les préjugés suite au désastre de Fukushima sont tenaces… Leur persévérance est rapidement récompensée, au bout de seulement quatre mois, l’établissement décroche 13 au Gault & Millau. Richard a appris à cuisiner japonais et les nombreux voyages au pays du Soleil Levant font le reste… À la ville comme au travail, le couple est complice, complémentaire… Depuis 14 ans, ils offrent à leur fidèle clientèle une cuisine de qualité, familiale, proche des produits dignes d’une Osteria japonaise ! Malgré une tenace envie de « partir ailleurs », Ayako et Richard n’ont aucun regret… Ils sont également formateurs en cuisine pour l’AJAM. Un beau partage de « coups de main » ! En salle avec eux, une collaboratrice japonaise des premiers instants… Au Komachi, on y vient des alentours, mais aussi de Bâle et de Laufon… même Stéphane Eicher les a cités dans un de ses concerts… La classe ! Les projets futurs ? Un voyage au Japon avec des clients au printemps prochain ! Le Komachi est là pour rester… comme quoi la vie… Et… Richard, on ne t’a jamais dit : « Qui prend femme, prend pays… ! »
Merci du partage, on vous aime !
Misti
juillet 2025
Komachi
Restaurant japonais
Rue de l’Hôpital 39, 2800 Delémont
032 423 00 53
Mardi au jeudi
11h45 -13h30 et 18h - 22h
Vendredi
11h45 -13h30 et 18h - 23h
Samedi
11h45 -14h30 et 18h - 23h
Dimanche et lundi
fermé
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