Joël Khalil

La recette d’une vie bien remplie !

Présenter mon ami Joël est pour moi à la fois simple et compliqué… Faire le tri dans toutes nos aventures communes, demeurer objective malgré l’admiration que j’ai pour lui est un défi… je le relève toutefois le cœur léger en espérant ne pas trop m’éparpiller.

La famille Khalil accueille son dernier-né le 27 juillet 1974… Elle se compose déjà d’un papa méditerranéen, d’une maman suisse, de deux garçons et d’une fille… Joël le benjamin est choyé, aimé, ses souvenirs d’enfance sont heureux… Élevé au soleil dans une famille modeste mais vaillante, très tôt déjà, il aide au jardin… Retourner la terre, planter, sarcler, récolter, pas toujours facile pour ce petit bonhomme pourtant plein de bonne volonté… Le jardin est une priorité, pas le temps pour les frivolités. La viande est rare et trop coûteuse, fruits et légumes sont la plupart du temps seuls au menu. La maman est inventive et jongle entre deux cultures culinaires… Les repas sont donc goûteux et rassasiants. La fratrie grandit en santé, joyeuse, tannée par le soleil et riche d’avoir appris la valeur du labeur. Les balades en voiture deviennent une fête… pas besoin de plus quand l’amour est là… C’est sa « gourmandise » pour les crêpes qui attire le gamin en cuisine… Les réclamant inlassablement, sa mère lui file la recette : « Tout le monde ne veut pas manger des crêpes tout le temps… tu veux des crêpes, alors tu t’en fais… ». Comme quoi le goût pour la cuisine peut naître d’un peu de farine, d’œufs et de lait… Joël a 11 ans et c’est avec entrain, dès lors, qu’il aide sa mère à la préparation des repas…

Les premiers pas en cuisine

Les années passent, l’adolescent se rend à l’évidence, l’école c’est pas trop son « truc »… Les compétences sont là, mais l’intérêt pour les études académiques n’y est pas… mis à part l’anglais qu’il parle et écrit à la perfection. C’est alors que sa maman conseille à son rejeton un petit séjour en Suisse afin d’effectuer quelques stages de cuisine… Une vocation est née, sa maman le sait, une maman sait tout… Il atterrit donc à Vevey, accueilli chaleureusement par son oncle maternel… Un peu perdu, voire déboussolé et assurément moins convaincu que sa maman pour son intérêt culinaire… Curieux, il effectue son premier stage aux « Trois Couronnes » à Vevey, rien de moins, puis à Lausanne !... Ça lui plait… Ouf ! Après un court séjour dans une entreprise pharmaceutique à Bienne « pour gagner un peu de sous », il décide de faire un apprentissage de cuisinier… en Suisse ! C’est à Villars-sur-Ollon, à l’Hôtel du Parc qu’il apprend le métier… à « la dure ». Très peu de vacances en haute saison de ski, 14 à 15 heures par jour en cuisine, loin des siens… Il faut s’accrocher… c’est ce qu’il fait ! Diplôme bien mérité en poche, il débute sa carrière dans la chaîne hôtelière Hilton et est muté à Londres… Aucun souci, le dépaysement, il connait maintenant… De retour en Suisse, il travaille chez Roland Pierrot à Verbier, puis Edgard Bovier, deux étoilés de renom. Il y est chef de partie et gagne la reconnaissance de ses pairs… Le jeune homme à la bougeotte et une vraie curiosité de ce qui se passe « ailleurs »… La providence met alors sur son chemin le chef Philippe Derrien, devenu un ami depuis, qui lui propose l’ouverture d’un restaurant à Brunei, en Indonésie. Insouciance ou arrogance de la jeunesse, le jeune homme relève le défi sans trop savoir où se trouve Brunei ! Il y est chef… il apprend beaucoup… puis vient le sentiment d’avoir « fait le tour »… Le chef Derrien lui propose alors un poste à Hong Kong, chez un ami à lui… Ni une, ni deux, les valises sont bouclées !... Il y reste trois ans, s’imprégnant avec plaisir de la culture culinaire asiatique.

Retour en Suisse

Désireux de parfaire le métier et un peu las de l’Asie, il revient en Suisse pour y faire un stage de… pâtisserie ! C’est à Chexbres, dans le Lavaux, qu’il revient à ses premières amours… sucre, farine… œufs… et bien plus encore ! Huit mois d’apprentissage qui enrichit sans aucun doute son savoir-faire… puis il repart pour… l’Irlande ! Un an à Dublin où il officie comme sous-chef dans un hôtel… pour touristes… L’expérience lui laisse un souvenir mitigé… La magie du hasard des rencontres et un coup de fil de son ancien patron à Hong Kong le remettent dans l’avion pour… Macao ! C’est au Sofitel, hôtel de 444 chambres hébergeant un casino, qu’il est nommé chef exécutif… Joël a tout juste 32 ans… On lui fait confiance pour chapeauter l’ouverture de cet hôtel d’envergure ! Immenses buffets de brunchs, mariages… 40 personnes sous ses ordres… Le jeune homme se relève les manches pendant trois ans et demi !

Puis l’ennui revient… c’est l’heure des choix… L’Europe lui manque, l’envie de se « poser » peut-être… mais non, pas encore… C’est au Grand Hôtel Royal de Budapest qu’il pose bagages et son expérience pendant trois ans et demi… décidément… Puis enfin, et par chance pour nous, Joël Khalil choisit la Vieille Ville de Delémont comme port d’ancrage. La beauté du bâtiment patrimonial le séduit, la Vieille Ville est chaleureuse, coquette, et puis, il y a de la famille…

La Bonne Auberge renaît

Une fois encore, le défi est quelque peu ardu… La Bonne Auberge, tenue par le sympathique couple Gaby et Abel Gelso, n’offre plus que quelques heures d’ouverture pour prendre un verre et des prestations d’hôtel… La cuisine est fermée depuis quelque temps déjà… Le couple rêve de retraite bien méritée ! Un défi nouveau donc… ramener une clientèle « restaurant », la séduire et la fidéliser… En janvier 2014, La Bonne Auberge propose aux badauds sa première carte ! Le succès est presque immédiat ! Le midi, on fait salle comble… quel plaisir de retrouver une cuisine bistronomique en Vieille Ville pour l’heure du lunch… Chef-propriétaire, il peut enfin mettre « ses couleurs » au menu et revoir la déco !

 

Joël Khalil et son épouse Pascale

Afin de s’imprégner de l’ambiance de la cité et de ses habitants, Joël s’installe près de son auberge et y vit 24 heures sur 24… Il observe, il écoute, il prend note… il s’ajuste… Lui qui a tant voyagé s’adapte au caractère bien trempé de son entourage, aux goûts de sa clientèle, à ses exigences… sans jamais perdre de vue sa motivation première : offrir la meilleure prestation au niveau qualité-prix… Certes, au service et en cuisine il y a des allées et venues, Joël est exigeant, il veut un team soudé et performant… au fil du temps, son équipe se pérennise et vient compléter « cette famille » si accueillante et attachante de « La Bonne » ! On y vient aussi pour ça, non ?

Pascale, partenaire de vie

Notre globe-trotteur, maintenant bien établi, n’est pas à l’abri d’une belle surprise de la vie… Après avoir ouvert pendant tant d’années son esprit, c’est son cœur qui est conquis ! La belle Pascale arrive de par son charme, sa patience et sa beauté à apprivoiser notre trublion des fourneaux ! Un cadeau… La jeune femme est jurassienne, sa famille est bien implantée à Delémont. Détentrice d’un diplôme de l’École hôtelière de Lausanne, elle connait les ficelles du métier, les exigences et parfois les sacrifices que demande l’engagement d’un restaurateur.

Plus qu’une amoureuse, une partenaire de vie, elle est le bras droit de son mari, s’occupe, entre autres, de la logistique et des relations humaines et est au service les fins de semaine. Le jeune couple partage des idées, concrétise des projets, dont La Bonne épicerie, et pense à l’avenir.

Pascale amène assurément une belle sérénité, l’obligation de s’évader aussi quelquefois… Voyager, découvrir de nouveaux horizons, c’est sympa aussi à deux…  La cinquantaine récemment entamée, cette envie de « bouger » s’est un peu calmée… pour le moment du moins… Bien secondée par une équipe multiculturelle en cuisine, Joël Khalil signe une cuisine qui lui ressemble… généreuse, travaillée « juste assez » inventive, inspirée… On y retrouve de tout, de saison… Les légumes y sont toujours sublimés… tien, tien ! … Les desserts gourmands juste comme il faut… La carte des vins travaillée… La Bonne Auberge accueille en son antre, depuis bientôt 12 ans, une vraie institution, récompensée d’un 13 au Gault & Millau depuis plusieurs années… Le lieu est toujours animé, fidèles et passants ont plaisir à s’y attabler pour l’apéro et plus si « affinités »… Oui, je badine un peu… j’essaie ici de garder mon objectivité… chose certaine, le petit gourmand qui cuisinait des crêpes avec sa maman a bien grandi…. Mais de cette époque demeure une âme rebelle, un esprit libre et un cœur investi !

Merci d’être toi !

Misti
octobre 2025

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