La cane de Nicole

Qui ne connaît pas la célèbre chanson de Georges Brassens, dédiée à sa logeuse et protectrice : « La cane de Jeanne » ? Grâce à l’amour porté envers les animaux, la cane réussit à mourir de vieillesse, et évita de finir dans une assiette. Et bien, à Delémont, on pourrait entonner une nouvelle version : la cane de Nicole. Une charmante histoire qui s’est déroulée lors du semi-confinement COVID-19. Cette aventure a non seulement égayé le quotidien de toute une famille delémontaine mais également contribué à inhiber les sentiments, parfois anxiogènes, de cette période de crise atypique.

On présuppose qu’une femelle canard, barbotant dans une mare ou une rivière, ait été dérangée lors de la construction d’un nid. Cherchant un nouveau refuge pour protéger sa prochaine couvée, le hasard l’amène à se poser sur la jolie terrasse de Nicole, où fleurissent de splendides tulipes. Malgré la hauteur de chute de 8 mètres, la beauté de l’endroit séduit la cane, qui s’y installe sans hésitation.

Nicole vaque à ses occupations, lorsqu’elle aperçoit, depuis sa fenêtre, le volatile qui commence la construction d’un nid. Elle prend conscience qu’elle sera le témoin direct de la naissance des canetons. Elle se sent investie par la mission d’assister la famille canard. Aussi, elle s’enquiert auprès du garde-faune et consulte internet pour glaner toute information utile.

La femelle canard pond un œuf chaque jour et s’arrête à 12 œufs. Durant 28 jours, elle couve 22 heures sur 24. Une fois par jour, le mâle vient la chercher et elle délaisse son nid uniquement pour s’alimenter. Un dimanche, en l’espace de quelques heures, les œufs éclosent. Nicole s’inquiète car ils vont inévitablement chercher un point d’eau pour se nourrir d’insectes. Elle appelle de toute urgence le garde car elle appréhende le moment où les canetons se jetteront dans le vide depuis sa terrasse.

Le garde arrive. De loin, il observe l’instinct des animaux. La cane appelle les petits d’à peine quelques heures. Ils la suivent en se laissant tomber depuis le balcon. Grâce à leurs pattes palmées largement ouvertes et leur poids plume, ils atterrissent tant bien que mal sur le bitume. Un seul n’en réchappera pas. Le garde-faune les recueille dans un panier et dépose la cane dans un carton.

Sous bonne escorte humaine, toute la famille de volatiles est amenée vers un point d’eau. Les canetons sont ainsi lâchés au bord d’un étang delémontain. Ensuite, la mère est délivrée. Immédiatement, elle prend son envol et rejoint les jeunes dans l’eau. Quel soulagement ! Le spectacle qu’offre la nature est magnifique et l’émotion est palpable lors de cette fin heureuse.

Nicole, qui s’est attachée à la cane, se rendra fréquemment au bord de l’étang pour essayer de revoir la famille de volatiles. Hormis un passant qui lui confirmera les avoir aperçus, elle ne les rencontrera pas. Les savoir sains et saufs la rassure. Une moindre consolation, qui lui laisse un imperceptible espoir de revoir son audacieuse squatteuse plumée au printemps prochain.

Pimprenelle
8 juillet 2020

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