Les flâneries de Misti

L’automne, incontestablement ma saison préférée. La nature se pare, à mon avis, de ses plus beaux atours. Bien que les journées raccourcissent, que les nuits soient plus fraîches, les couleurs, les odeurs sont au rendez-vous… un régal pour les yeux, les narines et pour les papilles ! Dès la fin août, il me vient toujours une envie tenace de cuisiner ! Je ressors mes vieilles recettes familiales de plats mijotés, je mets une bûche dans le poêle et je deviens une grande cheffe !

C’est rassurant de cuisiner pour sa famille, c’est réconfortant… à l’automne devant mes fourneaux, les souvenirs m’envahissent. Je pense à ma mère… quel courage elle avait… Fin août jusqu’à mi-octobre, elle devenait directrice d’une entreprise familiale certes, mais on aurait cru une multinationale ! L’automne, le temps des conserves ! J’adorais, enfant, quand la grande cuisine se transformait en royaume du fruit et légume. Des tomates, des cornichons, des haricots, des betteraves et allez ! On ne voyait plus un coin de table ou de comptoir… j’aimais cette ambiance joviale… Tantes, voisines, oncles, tout le monde s’affairait… C’était la fête durant des semaines… Adolescente, j’exécrais ces week-ends de corvées ! Du matin au soir, assise devant une montagne de tomates que j’incisais une à une en croix, afin qu’une fois ébouillantées, ma tante Ginette puisse les peler sans souci… Chacun avait son poste, les équipes, bien rôdées, étaient les mêmes depuis des lustres… me revenait donc la tâche la plus ingrate… dernière arrivée… Comme si j’avais eu le choix de participer à cette tradition sacrée… on mangeait bio, on ne le savait même pas… Jamais de produits industriels à la maison ! « La nature nous donne tout ce qu’il faut ! Faut juste savoir quoi et comment faire avec », disait ma mère ! Plus d’une fois je me suis jurée, adolescente, de ne jamais, jamais, faire de conserves de ma vie !

Ma mère doit bien rire, assise sur son nuage en me voyant devant mes 6 cageots de tomates ! Mes 4 kilos de betteraves rouges et mes tonnes de haricots !

Tout ça, c’est la faute du confinement et d’un printemps particulièrement hâtif. Des mesures sanitaires extraordinaires… du jamais vu ! Mon envie de jardiner non plus… Je vous jure… Envie irrépressible… et j’ai assuré… Trop peut-être au dire de mon entourage… Bon, ben faut faire des conserves !!! On a beau dire, on a beau faire, les traditions, c’est tenace ! Si ces derniers temps, j’ai l’impression que tout change… vite… pour le meilleur et parfois pour le pire… je préfère garder le meilleur… Virée en ville le samedi matin avec tantine ! Le marché sera vite fait… j’ai assez de fruits et légumes à la maison pour nourrir euh… pour nourrir bien du monde !

« Tu n’as pas de chou-fleur ? » « Non tantine, pas de chou-fleur. » « Alors je fais un p’tit tour quand même… et puis faut que j’achète mon saucisson à l’ail… » « Oui ! Vas-y » « Et mon miel… et… » « Je te rejoins plus tard tantine, fais ton tour de marché. Allez ! »

Il fait beau, les gens sont heureux bien que dispersés. Heureux de se retrouver même avec la distanciation… Le Marché en Vieille Ville, c’est sacré ! Et ce durant toute l’année… Pour tantine, c’est presque sa plus belle sortie de la semaine. Elle y retrouve ses amies et même son Yvon parfois…

Halte obligée, rue de l’Hôpital : Ça va l’bocal. Armée de mes bocaux vides et de mes sacs en tissu, je pousse la porte et m’envahit une sensation de bien-être ! Quelle belle initiative de ces trois copines ! Un large choix de produits locaux, bio, en vrac… Je suis membre de cette association depuis ses balbutiements en 2017. Tout doucement, au fil des visites, mes armoires et étagères ont changé d’allure… Elles ressemblent de plus en plus à celles de ma mère et de mes grands-mères… pas d’emballage inutile, tous les contenants sont réutilisables… MERCI à Aline, Brigitte et Julie, votre sélection de produits alimentaires, d’hygiène de soins et beauté est variée, dense… Votre accueil est toujours chaleureux… on y trouve même, depuis peu, des masques en tissu et leurs pochettes… aucune raison de ne pas rester coquette, même en cette période particulière. J’achète encore deux pailles en verre et je sors de cette petite pépite d’échoppe avec le sentiment d’avoir une fois de plus fait un peu ma part pour la planète…

C’est bien chargée que je me mets à la recherche de tantine… elle doit être au Magasin du monde… à la recherche d’un p’tit cadeau éthique pour sa cousine… elle y a été plusieurs années comme bénévole… « Ça m’a bien fait voyager toute cette belle vaisselle, ces bijoux, ces épices venues d’ailleurs… ». Toujours quelque chose de nouveau à découvrir sans partir… « J’ai peur de l’avion ». « Ah, tu me fais rire tante Ginette ».

Elle est bien là… en charmante compagnie… Yvon lui a offert une magnifique bague… tiens, tiens… je n’en saurai pas plus… pour l’instant… Allez, allons boire un p’tit quelque chose avant de rentrer… Je t’ai acheté une paille en verre… tu la gardes avec toi… c’est pratique dans les bistros… moins de plastique… « Tu sais, dans mon temps, jeune fille, les pailles en plastique, ça n’existait pas… les pailles tout court d’ailleurs… c’était pas la mode ». « Oui, je sais… le monde change… »

Mais certaines choses ne se démodent pas… les souvenirs, les belles initiatives, les grandes valeurs, le patrimoine, les traditions… notre magnifique Vieille Ville… Et le plaisir d’y flâner encore et encore !

Misti
septembre 2020

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